Les deux étapes suivantes de cette descente vers Delhi, Amritsar et Chandigarh, se distinguent par leur importance culturelle et architecturale. L’une est le cœur spirituel du sikhisme, tandis que l’autre est un l’œuvre d’un architecte urbaniste.
Ces villes constituent aussi le début de l’Inde véritable, l’Inde surpeuplée, chaude, polluée et bruyante ! Jusqu’à Dharamsala, les contrebas de l’Himalaya protégeaient encore de la chaleur indienne. Avec Amritsar et Chandigarh, l’atmosphère est déjà celle des plaines du Gange. On adore ou on déteste, mais il n’y a pas vraiment de place pour un juste milieu.
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Amritsar : Le rayonnement doré du Pendjab
Amritsar, ville sainte, est un endroit bizarre, on est déjà en plein cœur de l’Inde, sans aucun repère. Pas facile de s’y retrouver. La cérémonie militaire à la frontière est des plus loufoques. Malgré tout, il faut saluer la bonté des sikhs, habitants de cette région. Et surtout, que dire du temple d’or, véritable merveille architecturale !
- Une ville de pureté et de discipline
Respectant strictement les préceptes de leur foi, fumer est interdit dans toute la ville d’Amritsar. Cette interdiction renforce le caractère sacré de la ville. Je me suis fait engueuler et jeté des regards noirs parce que je fumais dans la rue ! Du coup régulièrement, je repassais à l’hôtel me fumer une clope sur la terrasse ! Nan mais ! j’aurai du me renseigner, c’est évidement un manque de respect de ma part. Mais je dois avouer que le concept de ville non-fumeurs ne m’avait jamais effleuré l’esprit.
- Frontière pakistanaise : La cérémonie des drapeaux
À quelques kilomètres d’Amritsar se trouve la frontière de Wagah, un point de passage entre l’Inde et le Pakistan. Chaque soir, une cérémonie marque la fermeture de la frontière. Cette cérémonie est caractérisée par un spectacle de marches militaires et d’échanges de drapeaux, attire des foules (il y a toujours foule partout en Inde) des deux côtés. C’est un spectacle unique, témoignant des relations complexes entre les deux nations.
Cela dit, ce fut plus une expérience anthropologique pour moi. Les deux camps se font face, séparés par une grille. Les spectateurs sont assis sur des gradins de chaque côté. Musique indienne à la mode et assourdissante côté Inde, et musique pakistanaise à la mode et assourdissante côté Pakistan. La superposition ne colle pas. Puis des femmes se mettent à danser sur la route qui traverse la frontière, genre discothèque en plein après-midi à la frontière du Pakistan ! Même chose de l’autre côté, mais avec moins de monde.
Après deux heures d’attente en plein soleil, le soleil se couche enfin. Ils finissent par arrêter la musique… des 2 côtés. Puis une cérémonie militaire débute, pour encore 20 minutes. En fin de compte, les militaires descendent les 2 drapeaux indiens et pakistanais exactement en même temps. Pas question que l’un soit plus haut que l’autre. Voilà, c’est fini. On peut enfin rentrer.
Il me manque certainement des connaissances historiques pour pouvoir apprécier ce spectacle à sa juste valeur. Mais je dois avouer que cette cérémonie m’a laissé perplexe.
- La bienveillance des sikhs
Amritsar est un témoignage vivant de la générosité et de la bienveillance des sikhs (je rappelle : les barbus avec turbans enroulés sur la tête !). Le Temple d’Or, par exemple, est ouvert à tous, indépendamment de la religion, du sexe, de la couleur ou du statut social. L’entrée y est gratuite et il y a une cantine ou l’on peut manger tout le temps et gratuitement (plusieurs dizaines de milliers de repas sont servis chaque jour). C’est le concept de « langar », un repas communautaire gratuit offert à tous. Il y a même des possibilités d’hébergement, gratuites également ! Ces traditions illustrent la philosophie d’égalité et de fraternité du sikhisme.
- Le Temple d’Or : l’épicentre de la foi sikh
Le Harmandir Sahib, plus communément appelé le Temple d’Or, est non seulement un point central pour les sikhs du monde entier, mais aussi une œuvre d’art architecturale.
Le temple est entouré de monuments divers, sobres et jolis, tout blancs, formant une sorte de grande cour carrée. Au milieu se trouve le Temple d’or. Sa structure dorée se reflète dans l’immense bassin d’eau sacrée qui l’entoure. C’est un spectacle magique à couper le souffle. Ce lieu de toute beauté qui invite au recueillement, peu importe votre croyance.
Chandigarh : La vision moderniste de Le Corbusier
En continuant votre route vers le sud, vous arriverez à Chandigarh, la capitale du Pendjab. Chandigarh, ville moderne, est connue pour son urbanisme avant-gardiste et ses jardins luxuriants.
- La ville de Le Corbusier
Conçue par l’architecte franco-suisse Le Corbusier, Chandigarh est le rêve d’un urbaniste devenu réalité. Première ville planifiée de l’Inde après l’indépendance, elle se distingue par ses avenues bien ordonnées, ses espaces verts luxuriants et son architecture moderniste.
L’une des caractéristiques uniques de Chandigarh est son secteur résidentiel bien organisé, chaque secteur offrant toutes les commodités essentielles, des marchés aux écoles. Cela crée un équilibre harmonieux entre la vie résidentielle et commerciale, évitant l’agitation souvent associée aux grandes villes.
Bref, le plan de Chandigarh est drôle, c’est sûr. Tout y est très bien quadrillé. Mais la ville elle-même n’a que peu d’intérêt !
- L’Assemblée et le haut tribunal : des « chefs-d’œuvre » architecturaux
Deux des bâtiments les plus emblématiques de Chandigarh sont l’Assemblée et le haut tribunal. Ils font partie du Complexe du Capitole de Chandigarh, construit par Le Corbusier en 1947, à la suite de l’indépendance de l’Inde. Avec leurs structures audacieuses et avant-gardistes, ils symbolisent le rêve d’une Inde moderne et progressiste.
Voilà, ça c’est sur le papier en tout cas. En pratique, le design n’a pas très bien vieilli. Ce sont d’énormes blocs carrés de béton gris. C’était peut-être avant-gardiste à l’époque, mais aujourd’hui, c’est juste moche.
- Les jardins de Chandigarh
Heureusement, à côté de son urbanisme insolite, Chandigarh est une ville verte qui dispose de plusieurs parcs. Le Jardin des Rochers, construit entièrement à partir de déchets industriels et de débris de construction, est un lieu à la fois artistique et écologique. D’autre part, le Jardin Zakir Hussain Rose, avec ses innombrables variétés de roses, est un havre de paix pour les amoureux de la nature.
Amritsar et Chandigarh, bien que radicalement différentes dans leur essence, représentent tous deux le panorama diversifié de l’Inde. Tandis qu’Amritsar vous plonge dans la profonde spiritualité du sikhisme, Chandigarh vous présente une vision planifiée de l’urbanisme.
Autant je vous recommande vivement de vous arrêter admirer la merveille qu’est le Temple d’Or d’Amritsar, autant je suis beaucoup plus réservé concernant Chandigarh. Si vous avez le temps, pourquoi pas. Mais si vous êtes pressé, passez votre chemin.
La suite de mon voyage en Inde me conduira à Rishikesh et Haridwar, deux villes saintes situées sur les rives du Gange.