Le secteur de la pêche est la seconde principale source de revenus après le pétrole pour la Norvège. Quand on pense à la pêche, on pense évidemment aux bateaux de pêche en mer. Mais, l’industrie de la pêche, c’est aussi de nombreuses entreprises tout le long de la côte norvégienne qui s’occupent de décharger les bateaux, de calibrer les poissons, de les fileter, de les emballer, de les congeler et enfin de les expédier. Autant dire qu’il y a du boulot à prendre ! C’est notamment le cas de Maaløy Seafood AS, la boite dans laquelle j’ai travaillé quelques saisons.
Alors, en quoi consistent les boulots dans le secteur de la pêche ? À quoi ressemble une saison de travail sur la côte norvégienne ? Que pouvez-vous attendre en termes d’horaire et de salaire ? Je vais tâcher de répondre à ces questions en vous faisant profiter de mon expérience à Maaløy Seafood AS, situé à Måløy dans les fjords norvégiens.
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Industrie de la pêche - Concepts
Lorsque l’on parle de l’industrie de la pêche, on englobe encore de nombreux sous-secteurs à différencier selon les types de poissons. Par exemple, le réputé saumon de Norvège n’est malheureusement plus du saumon sauvage depuis bien longtemps, il est élevé dans des fermes le long de la côte, sorte de bassins en mer où sont engraissés les poissons.
L’entreprise où j’ai travaillé était spécialisée dans le traitement (calibrage, filetage et emballage) des harengs et du maquereau principalement. Elle s’est depuis reconvertie dans le traitement du saumon. Je vais donc me concentrer sur ce domaine puisque c’est celui que je connais.
- Harengs et maquereaux
À l’époque où je travaillais à Maaløy Seafood AS, nous emballions principalement du maquereau en première partie de saison (septembre – octobre – novembre) et du hareng en seconde partie de saison (janvier – février).
Il existe de nombreuses compagnies qui réceptionnent les prises des bateaux de pêche le long des côtes norvégiennes. Pour la pêche pélagique, les bateaux indiquent le type et la quantité de poissons attrapée, et les différentes compagnies s’affrontent ensuite dans un système d’enchère. Chaque entreprise ne peut faire qu’une seule offre par bateau. Une fois les enchères terminées, le bateau vend alors ses poissons à l’entreprise ayant fait la meilleure offre.
- Quotas de pêche
Ensuite les quotas. On arrive à la fin de la saison lorsque les quotas de pêche sont remplis. Pour information, et de ce que j’en ai compris, les quotas sont définis sur les bases des années précédentes, puis ajustés selon une étude scientifique annuelle sur le peuplement des océans et enfin réajustés une dernière fois en milieu de saison, selon une nouvelle étude de vérification des quantités de poissons en mer comparée à l’étude de début de saison (pas mal cette phrase, non ? Si, si, relisez-la…). Ces quotas sont repartis pas zones. Par exemple, les différentes côtes norvégiennes, la pleine mer, etc. Tout cela a pour but évidemment d’assurer le renouvellement de l’un des principaux gagne-pain des Norvégiens (le second en fait après l’or noir).
- Zones de pêche
Enfin, les zones de pêche. Il se trouve que les harengs ont décidé de passer l’hiver très au nord, autour de Tromsø (pour ceux qui veulent chercher où se trouve Tromsø, ou pour ceux qui savent). Le problème pour nous, c’est le temps de trajet en bateau entre le nord et le Centre-Sud de ce long pays qu’est la Norvège. Les bateaux qui doivent descendre jusqu’à Måløy perdent 3 jours pour y aller, et 3 jours pour retourner pêcher dans le nord. C’est pratiquement 1 semaine de pêche perdue pour eux, alors qu’il y a beaucoup d’autres entreprises comme celle où je travaille, réparties sur toute la côte norvégienne.
Maaløy Seafood AS - Emballage/filetage de poissons
- Les différentes tâches
Il ne faut pas se voiler la face ici, les jobs saisonniers dans le secteur de la pêche en Norvège ne sont pas folichons. À vrai dire, je m’attendais à mieux et pourtant je m’attendais quand même à faire un truc bien pourri. Mais non, c’est pire. Alors voici quelques-unes des tâches que vous pourriez être amené à faire. Gardez à l’esprit que tout ça n’est que temporaire, est très bien rémunéré et vous offrira plusieurs mois de voyage en toute liberté par la suite !
L’objectif principal du traitement des harengs et des maquereaux à Maaløy Seafood AS est de calibrer, d’emballer, puis de congeler les poissons que les bateaux viennent décharger. Les poissons sont d’abord pompés hors de la cale du bateau, puis sont acheminés sur une série de tapis roulants. Ensuite, l’emballage se traduit en pratique par différentes tâches à exécuter :
- Le premier job de la chaîne consiste à retirer tous les poissons abîmés ou les morceaux de poissons (têtes et autres débris) pour assurer une bonne qualité, et à stopper la production s’il y a des problèmes en aval (s’il y a des problèmes en amont, la production s’arrête d’elle-même !). Un poste idéal pour avoir la nausée dès le matin !
- La seconde tâche consiste à vérifier à l’aide d’une balance assez précise qu’il y a bien entre 20,85 kg et 21 kg de harengs à l’intérieur de chaque carton qui défile. Cela signifie grosso modo ajouter ou retirer un poisson, voir ne rien faire dans le meilleur des cas.
- La troisième tâche est celle où le plastique contenant les poissons est refermé à l’intérieur du carton.
- La cinquième tâche a l’avantage de ne plus être en contact direct avec les poissons et consiste à fermer le carton à l’aide de son couvercle.
- Enfin, le dernier poste de la chaîne : ranger les caisses de poisson de 20,85 kg du tapis roulant dans une palette. Cette tâche a le mérite de « challengifier » le travail. Non pas que ce soit beaucoup plus alléchant en soi, mais porter des caisses de plus de 20 kg toute la journée vous permet de repousser vos limites !!! La première fois, j’ai craqué après 1 h 30 environ et 3,5 tonnes portées ! J’ai ensuite été remplacé par un molosse polonais. Beaucoup de travailleurs d’Europe de l’Est viennent en Norvège par l’intermédiaire de sociétés qui arrange leur voyage et leur trouve un logement. En échange de quoi ils touchent à peu près 40 % de ce que je gagne à travail identique, ce qui crée des situations délicates lorsque l’on parle salaire.
Il y a bien sûr un système de rotation pour rompre un peu la monotonie, mais encore une fois ce n’est pas un boulot très amusant. Ces différentes parties du travail se répètent plusieurs milliers de fois chaque jour puisque, dans cette « petite usine », on pouvait emballer plus de 250 tonnes de poissons quotidiennement.
- Les horaires de travail
« From coast of Norway » tel était la devise de Maaløy Seafood AS, inscrite sur chaque côté des boites de carton dans lesquelles était emballé tous ces harengs. Si je m’en rappelle toujours aussi bien, c’est parce que j’ai eu le temps de les contempler, ces boites, pendant les longues journées de boulot à décharger tous ces bateaux !
Le temps de travail ainsi que les horaires dépendent grandement des bateaux, des prix, du mauvais temps, et de la quantité de poissons pêchée. Peu de bateaux signifie pas de boulot, à l’inverse de nombreux bateaux signifie de nombreuses longues journées de travail !
Je m’étais amusé à compter que j’avais travaillé environ 450 heures en 40 jours pendant la deuxième moitié de saison à Maaløy Seafood AS, soit l’équivalent de 3 mois de travail au 35 h en France ! Il faut dire que pour faire quelques heures supplémentaires (j’avais eu peur qu’on manque de travail), je m’étais arrangé pour rester après la production et nettoyer les machines à filets, pleines de bouts de poissons, d’écailles, d’œufs, etc. Armé d’un tuyau haute pression et d’une tenue imperméable orange, je nettoyais pendant 3 ou 4 heures supplémentaires tous les jours les machines dans lesquelles les harengs étaient transformés en filet.
Pour vous donner quelques exemples de ce qui pourrait vous attendre :
44 heures en trois jours. Trois jours pour décharger les 550 tonnes de harengs d’un bateau. Les quelques breaks (lunch, pause…) ne sont pas inclus dans ces 44 heures, donc il faut encore les rajouter pour le temps effectif sur le lieu de travail.
- Jeudi : 7 h 30 – 0 h 30
- Vendredi : 7 h 30 – 1 h
- Samedi : 9 h – 21 h 45
55 heures en 4 jours. Quatre jours assez intensifs :
- Samedi : 12 h 30 – 0 h 30
- Dimanche : 7 h 30 – 22 h 30
- Lundi : 7 h 30 – 0 h
- Mardi : 7 h 30 – 18 h 30 (petite demi-journée de 11 h)
Vous serez prévenu ! Pendant ces longues journées, l’essentiel est de ne pas perdre de vue l’objectif final. Ces grosses journées représentent de belles sommes d’argent que vous apprécierez d’autant plus pendant vos voyages qui s’en suivront.
Retrouvez plus d’infos sur le travail saisonnier en Norvège et les salaires sur ce lien. Et vous, seriez-vous prêt à aller travailler en Norvège pour booster vos économies et vos voyages ?