Le niveau de vie élevé de la Norvège attire beaucoup d’étrangers. Mais voyager, c’est une chose. Immigrer, c’en est une autre. L’immigration en Norvège quand on arrive de France est relativement simple dans l’ensemble, sur le plan administratif tout du moins.
Sur les plans du climat et de la langue en revanche, ce n’est pas toujours évident !
Petite précision : cet article n’est pas destiné à ceux qui veulent s’expatrier définitivement en Norvège, mais bien aux voyageurs qui désirent profiter des conditions avantageuses qu’offre le pays, notamment en termes de salaire, pour pouvoir ensuite voyager longtemps dans des pays où la vie est moins chère. Pour une expatriation plus « définitive », je vous renvoie par exemple sur ce très bon site riche d’informations.
- Suivez ce lien pour retrouver le début de l’histoire et comment je me suis retrouvé en Norvège.
- Suivez ce lien pour retrouver des infos sur le travail saisonnier en Norvège.
- Suivez ce lien pour retrouver des infos sur mes débuts en tant que pêcheur.
- Suivez ce lien pour un guide complet sur les croisières Hurtigruten en Norvège.
- Et suivez ce lien pour découvrir mes plus belles photos de la Norvège.
Immigration en Norvège : administration
Ou émigration, question de point de vue. L’immigration en Norvège, pour les Français, se passe plutôt facilement. Il n’y a pas besoin de visa, vous pouvez vous y rendre en quelques heures d’avion seulement et commencer à chercher du travail immédiatement. Il faudra simplement vous inscrire (gratuitement) auprès de la police au-delà de 3 mois, mais si vous êtes efficace, vous trouverez du travail bien avant ça.
Une fois sur place, les deux problèmes principaux qui se posent sont :
- Trouver du travail
Pas question ici de pôle-emploi norvégien (NAV pour ceux qui voudraient quand même le lien), l’idée est de trouver un boulot saisonnier rapidement. Rapidement, car la vie est plus chère qu’en France et vous ne voulez pas brûler toutes vos économies en attendant !
Je ne connais vraiment que le secteur de la pêche, mais il y a aussi la cueillette des fraises en été ou l’hôtellerie qui, selon vos compétences, peuvent être pertinentes. Les soudeurs pourront trouver de belles opportunités sur tous les ports de pêche puisque les bateaux nécessitent une maintenance constante. Quand les prix de pétrole sont haut, il y a de nombreux jobs à prendre sur les plateformes, des boulots 6 mois offshore, 6 mois libres par exemple qui sont juste fantastiques pour tout véritable voyageur dans l’âme ! Plus besoin de maison, de loyer, d’électricité… Un pactole en poche et 6 mois de pure liberté. Un peu comme pêcheur, même si c’est dans une moindre mesure.
Bref, il y en a pour tous les goûts et à peu près partout en Norvège. À vous de choisir votre domaine, puis de vous rendre là où vous aurez le maximum de chance de parvenir à vos fins.
Pour ce genre de boulot, il n’y a pas 36 façons de s’y prendre, il faut faire le tour des boites et se faire connaître. Récupérer des numéros de téléphone, insister, rappeler. Leur montrer que vous êtes présent ET motivé. Le bouche-à-oreille est la clé. Si vous parvenez à vous faire embaucher quelque part, donnez-vous à fond et toutes les portes s’ouvriront ensuite (dans votre secteur j’entends !). Ne perdez pas de temps à envoyer vos CV à distance, faites le déplacement et allez-y au culot.
Ces boulots saisonniers sont des boulots pénibles et ingrats et le renouvellement du personnel est constant. Si vous êtes déjà sur place, et montrez suffisamment de motivation, vous mettez toutes les chances de votre côté pour trouver un travail saisonnier rapidement.
Visez les principaux ports de pêche pour le secteur de la pêche, les grandes villes (Oslo, Bergen, Trondheim, Tromsø) pour l’hôtellerie, les régions agricoles pour la cueillette des fraises, etc.
- Obtenir un numéro national d’identité (fødselsnummer)
C’est le numéro qui vous ouvre toutes les portes : ouverture d’un compte bancaire, forfait téléphonique (bien qu’un forfait à la carte soit largement suffisant pour les boulots saisonniers), obtention de la carte de déduction fiscale, etc. Plus qu’un simple numéro de sécurité sociale, c’est véritablement LA clé de toutes les démarches administratives de l’immigration en Norvège (pour les ressortissants de l’U.E. dont font partie les Français).
L’issue souvent rencontrée est la suivante : pour obtenir un travail, on vous demandera votre « fødselsnummer ». Et pour obtenir votre « fødselsnummer », vous devrez trouver un travail au préalable ! Ceci se résout souvent assez facilement pour les jobs saisonniers pour lesquels le « turnover » est élevé et les saisons relativement courtes de toute façon.
Retrouvez plus d’infos sur l’obtention du « fødselsnummer » sur ce lien.
Dans tous les cas, une fois votre première saison passée, si vous avez été sérieux, vous aurez désormais un pied en Norvège et la saison suivante ne sera plus qu’une formalité puisque vous n’aurez plus à vous soucier de toutes ces démarches.
Économiser en Norvège pour voyager, il n’y a pas mieux pour booster vos voyages !
Immigration en Norvège : climat
La Norvège a beaucoup d’avantages, plus besoin de les présenter. Mais s’il y a bien une chose à laquelle on ne pense pas forcément, ou du moins, dont on ne mesure pas suffisamment l’ampleur, c’est le climat.
- La pluie et le vent
À Måløy où j’ai travaillé, et plus généralement de Bergen jusqu’à Ålesund, c’est la partie de la Norvège où il pleut. Tout le temps. Et avec du vent trop souvent. En plus d’être désagréable, pour le secteur de la pêche, pluie et vent signifient mauvais temps en mer, et donc que les bateaux ne peuvent pas sortir pêcher. Si les bateaux ne peuvent pas sortir, les conséquences ne font pas attendre, c’est des jours de repos à attendre ! En tant que saisonnier, c’est :
- Un manque à gagner puisque le but est d’économiser autant que possible ;
- Second point plus subtil, des jours de repos sans rien à faire dans un trou paumé en Norvège, c’est long. Très long !
- La neige et le froid
Il est vrai que quand l’hiver s’installe, que les montagnes se recouvrent de neige, les décors sont tout de suite modifiés et il règne vite une ambiance assez spéciale dans ces fjords. Mais 6 mois de neige et -20 degrés, ça use si vous n’y êtes pas habitué. Le succès de votre immigration en Norvège dépendra grandement de votre faculté à vous adapter à la rudesse de l’hiver, aux quantités de neige considérables qui vont avec, ainsi qu’aux températures assez glaciales qu’il peut faire.
Les Norvégiens aiment à dire qu’il n’y a pas de mauvais temps, juste de mauvais vêtements. Et en un sens, ils n’ont pas tort. Ils disposent de vêtements de très bonne qualité et très chaud qu’on ne trouve pas en France pour la simple et bonne raison qu’on n’en a pas besoin.
Mais je me souviens de cette fois où j’attendais mon bus qui partait de l’aéroport Gardermoen à Oslo. Je fumais encore à l’époque. C’était début janvier, ma seconde saison là-bas, donc déjà un peu habitué. Il faisait -20 en début de soirée. Je me rappelle très bien de cette cigarette, car en sortant fumer, je m’étais surpris à me dire que -20, c’était en fait tout à fait supportable comme température. Une bonne veste, un bonnet, pas de quoi en faire tout un plat. Arrivé à la moitié de ma cigarette, soit peu de temps après, je l’ai écrasé et suis vite rentré tellement j’avais froid !
- Le manque de soleil
Le dernier facteur déterminant pour une immigration en Norvège réussie, probablement le plus éprouvant psychologiquement aussi, c’est le manque de soleil. C’est vrai qu’il peut faire gris pendant quelques semaines de suite en France. Ça mine un peu le moral, mais il fait quand même jour du matin au soir.
À Måløy, qui est encore plutôt dans la partie sud du pays, il faisait gris de 9 h à 15 h. Le soleil se levait timidement vers 9 h, rasait l’horizon vers midi, puis se couchait presque aussi vite qu’il était sorti vers 15 h.
Plus au nord, la nuit polaire est un phénomène qui rend dépressifs de nombreux Norvégiens. De la vitamine D et des cures de lampe à UV sont souvent prescrites par les médecins pour pallier au manque de lumière.
Lorsque j’allais pêcher le cabillaud en plein hiver dans la mer des Barents, au large de l’île aux ours (Bjørnøya en norvégien), un peu au sud des îles Svalbard, il faisait nuit de longue, 24 h sur 24 h. Je n’étais en mer que six à huit semaines, ce qui est long, mais quand même moins long que tout l’hiver !
Bref, selon la région de Norvège où vous comptez immigrer, si vous y allez en hiver, il faudra vous préparer à affronter ce manque, en plus du climat déjà peu clément.
Immigration en Norvège : langue et culture
Les Norvégiens sont des gens droits et disciplinés, soi-disant les plus heureux du monde. Le confort matériel, l’abondante nature et le système social n’y sont pas pour rien. Mais la vie dans des coins reculés aux conditions extrêmes est très différente de ce à quoi on est habitué.
Dans la petite ville de Måløy, il n’était pas rare de voir des femmes de moins de quarante ans déjà grand-mères. Il n’y a pas grand-chose d’autre à faire, pas beaucoup d’autre choix possible. Les liens familiaux sont très importants. Les communautés très resserrées. Ne vous attendez pas à vous faire des tonnes d’amis norvégiens dès la première semaine. Déjà en tant qu’expatrié parlant le norvégien, ce n’est pas toujours facile, alors en tant que travailleur saisonnier qui va et qui vient, ce sera presque impossible. En revanche, cela attirera sûrement de la curiosité !
D’autre part, comme tout immigré partout dans le monde, vous ne serez plus au sommet de la hiérarchie sociale. En tant que français, peut-être un peu au-dessus des immigrés russes et polonais, mais quand même en dessous des Norvégiens ! Soyons claires, je dis ça sans arrière-pensée aucune. C’était personnellement une expérience fantastique, et ça ne fait jamais de mal de réaliser qu’on est tous des êtres humains, peu importe le pays. Dès que l’on franchit une frontière, les rôles s’inversent.
Enfin, un petit mot sur la nourriture. Pour moi qui aime manger et cuisiner, c’était parfois déprimant, parfois surprenant (la confiture de fraise avec la viande et les patates par exemple), mais dans l’ensemble, hormis le poisson, souvent décevant.
Conclusion
Si vous êtes arrivés jusqu’ici, surtout j’espère ne pas vous avoir coupé l’envie de partir à l’aventure dans le Grand Nord et de tenter l’immigration en Norvège !
Bien au contraire, tous ces points représentent plus ou moins les principales (seules ?) difficultés que vous pourriez rencontrer (ou non) au cours de votre expérience norvégienne. Alors, si vous pensez pouvoir surmonter l’appréhension, quelques paperasses de rien du tout et un climat aussi rude que magique, foncez et allez dégoter un boulot de saisonnier en Norvège. Vous ne le regretterez pas.